• Ma main tremble, mon coeur vacille.

    Je suis las de toute cette comédie. A la lumière d'une chandelle qui brille, j'essaye d'oublier les douloureuses reminiscences des bouffées troublantes, du contact soyeux et des senteurs magiques de mes cruels souvenirs. Rien ne va plus, les jeux sont faits. 
    C'est l'heure de l'irrémediable ouverture de mes poussièreuses boîtes à souvenir, empilées, et soigneusement fermées à clef. Je n'aime pas les ouvrir et pour certaines , j'en ai égaré la clef.

    A l'ouverture de l'une d'elle, un subtil parfum boisé de cèdre et de pin se dégage et se dissipe dans les airs.Au fond, se trouvent pêles mêles tout un bric-à-brac de choses de rien du tout: un gland peint d'or, une fève marron de cacao, une bague à châs d'aventurine émoussée, un proverbe de biscuit chinois qui a jauni au fil du temps, un bout blanc de bâton taillé , la lame brisée d'un couteau gravé, les restes d'un collier bleu au pendentif en demi-lune, une fiole transparente contenant des extraits de plantes distillées, un quartz lumineux à facettes entouré d'un velour coquelicot, deux parchemins scéllés par des rubans de coton bleu outremer et vert amande, un tesson de potterie romaine ramassée dans une de ces nombreuses ruines d'une autre ère, des graines de zinnia.

    Tous ces objets sont autant de petits bout de souvenirs, de petits restes d'instants qui se sont perdus au fil de ma mémoire.

    Autrefois venait compléter cet inventaire, la plus précieuse des pierres à mes yeux ,une azurite polie tenant au creux de ma main, et signifiant tellement pour moi.

    Mais je perds toujours les Pierres. Et celle là, je l'ai perdue.

    Je m'imprègne de ces odeurs, de ces souvenirs, durant un moment.
    Je refait de temps en temps ce rituel, je sors les objets un à un de ma boîte, je les contemple, les sent, les énumère, et puis je les remet un à un encore une fois, toujours dans le même ordre.
    Cela m'apaise.

    Le dernier objet rangé, résonnent alors en moi ces quelques mots...
    "Vous atteindrez de grandes choses dans la vie"...

    Et je referme la boîte.


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  • Terreurs profondes, vous accablez mon âme
    Soupirs fébriles, si doux, si vains
    Au détour d'une pensée vous m'êtes infâmes,
    Pourtant je ne vous craint!

    Envahissant l'air de vils poisons,
    C'est dans la beauté qu'ont vos airs
    Que se trompent les malheureux Charon
    Passant sur le Styx d'une rive à l'autre de l'Enfer.


    Alors, Ô reine des nuits
    Ne chassez pas l'étrange musique
    Qui tous les soirs aux environs de minuit,
    Me déclame un Te Deum d'une langueur mystique.


    Gardez la mine fachée, l'oeil inquiet;
    Car derrière les rochers, ce n'était plus qu'un rêve
    Une ébauche d'une toile oubliée
    Peinte autrefois mais que l'artiste achève.


    Oui, telles se dessinent mes pires angoisses,
    Quand après les derniers sacrements
    Il n'y a plus rien qui ne me froisse
    Juste la froide cruauté d'un terrible châtiment.


    Aussi, c'est avec l'oeil agil et froid
    Que je refermerai mon tombeau;
    Ciguë, digitaline, Népenthès derrière moi
    Maintenant il n'y a plus de Beau.


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  • "Un éclair,puis la nuit", son image ne me laisse pas en paix.
    Il n' était qu'une singulière rencontre au détour d'une allée de cimetière, le Julien Sorel de ma nostalgie, et pourtant.
    Pourtant, au milieu de cette allée, devant Colette, je songeais au passé, et m'impregnais de l'incroyable senteur d'un bouquet, posé là, devant moi, dont se dégageaient tout en discrétion, sans hâte, des traînes melliflues, des traces de violettes se faisant violence, fiancées à la capucine timide et au jasmin voilé.
    L'odeur des fleurs humides chauffées au soleil m'écoeurait un peu.

    C'est alors qu'il apparut sans s' être annoncé.
    Comme une âme hantant ces lieux.Mais il était bien réel.
    Peintre de sa profession et bohème dans son coeur.
    S'engagea alors une discussion sur tous les arts que ce monde possède. Nous décrivions les soies magenta et les cotons indigo d'une toile de Delacroix dont les incroyables reflets chatoyant dépassaient le sens strict de la réalité.
    Littérature, musique, peinture, histoire, pas un seul de ces sujets ne fut oublié.



    Puis le glas sonna, le cimetière fermait ses portes, et il me fallut le quitter.
    Chacune de ces secondes étaient un songe de plus, chaque instant m'éloignait un peu plus de la réalité.

    Je te retrouverai, un jour.


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    Toute notre vie durant nous cheminons, nous nous croisons, nous nous séparons, nous nous rapprochons.
    Et tout cela dans un incroyable ballet sans fin qui nous fait virevolter et parfois tourner la tête.
    Il n'y a pas d'entracte dans cette danse folle et chaque pas doit parfaitement être exécuté pour empêcher toute chute qui nous coûterait chère.
    Comme dans toute danse, il y a ceux qui sont au devant de la scène et ceux qui sont derrière.
    Mais les rôles changent,se mêlent et s'intervertissent, les choses tournent, changent ,"sont" et ne "sont plus" pour "être" de nouveau ensuite.
    Parfois la musique change, elle devient mélancolique et laisse place au prochain mouvement.
    Tout n'est que changement, mouvement, masque, fuite vers l'avant.
    Et oui, nous vivons dans une époque baroque! Alors entrons dans la danse et vivons.
    Il ne faut pas avoir peur de tomber, laissons nous emporter par cette musique pour perpétrer ce magnifique ballet de nos vies.
    Dansons, dansons!


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  • Ses mots étaient passés à coté de moi sans m'atteindre,c'était il y a des années.
    Jamais je ne saurais lui pardonner. Lui pardonner de m'avoir laisser là, seule, pendant qu'il en faisait rire une autre.

    Du haut des fenêtres de mon coeur, j'observais ce monde qui me décevait jour après jour, ce monde devenu comme le Pacifique et que je laissais là, derrière moi, sur le quai, sous un papier de bonbon.

    Et aujourd'hui tout cela est-il en train de se reproduire?
    Cette fois-ci je ne le laisserais pas s'éloigner de moi, je refuse qu'il en fasse  rire une autre.
    Le passé blesse et rend craintif.
    Je crains de le perdre. Mais je ne peux m'empêcher de le pousser à s'éloigner.

    Triste paradoxe de ma vie. Rejetant tout ce qui m'est nécessaire. Mais jalousant tout ce que je n'ai pas.


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